JENNY HOLZER
NÉE EN 1950 À GALLIPOLIS (OHIO, ÉTATS-UNIS)
VIT ET TRAVAILLE À NEW YORK (ÉTAT DE NEW YORK, ÉTATS-UNIS)
Jenny Holzer est une artiste américaine dont l’œuvre emblématique, basée sur le langage et ses représentations, témoigne d’un héritage de l’art conceptuel et d’un engagement politique continu. Son travail, bien qu’originellement destiné à être montré dans l’espace public, a bénéficié d’expositions dans de prestigieuses institutions internationales comme l’ICA à Londres, la Dia Foundation et le Guggenheim à New York ou encore la Neue National galerie de Berlin. Jenny Holzer a aussi été la première femme à représenter les États-Unis à la Biennale de Venise en 1990. Soucieuse de toucher un public toujours plus large et ce, en dehors des institutions artistiques, Jenny Holzer travaille à partir de 1996 avec des projections de textes grand format dans des espaces extérieurs, comme notamment sur la façade de la Neue Nationalgalerie à Berlin en 2001, au Musée Guggenheim de New York en 2008 ou encore sur la Pyramide du Louvre en 2001 et 2009. L’année suivante, elle fait l’objet d’une exposition à la Fondation Phi pour l’art contemporain, à Québec, en 2010. Suite au décès du chanteur Léonard Cohen, le MAC de Montréal lui prête sa façade afin de lui rendre hommage dans une œuvre unique et éphémère. L’inauguration de l’œuvre a lieu le 7 novembre 2017, un an jour pour jour après la mort de Cohen, et dure jusqu’au 11 novembre. En 2019, à l’approche des 70 ans de Jenny Holzer, le musée Guggenheim de Bilbao lui offre sa première rétrospective.
Après deux années passées à l’Université de Duke à Durham en Caroline du Nord (1968-1970), elle décide de poursuivre son cursus à l’université de Chicago où elle travaille aussi bien le dessin, la peinture, que l’imprimerie. Elle poursuit ensuite sa formation à Athens, dans l’université d’Ohio (1972). En 1974, elle suit les cours d’été de la Rhode Island School of Design à Providence pour en ressortir diplômée en 1977, année de son emménagement à New York et de sa décision cruciale d’abandonner sa pratique de la peinture au profit de l’écriture et de la matérialisation du langage. Son travail s’inscrit dès lors dans un héritage des néo avant-gardes minimalistes et conceptuelles et participe pleinement de l’avènement d’une nouvelle génération d’artistes femmes formée par les théories féministes et déconstructivistes avec notamment Cindy Sherman, Barbara Kruger ou Louise Lawler. À la fin des années 1970, elle se fait connaître avec ses Truismes (1977-1979), une série d’affiches anonymes collées sur les murs de Manhattan comportant des phrases courtes et banales mettant en jeu des stéréotypes sur le corps largement relayés dans les médias. Proche d’une forme de militantisme, sa pratique consiste à diffuser dans la sphère publique et sociale des discours volontairement provocateurs et subversifs.
Jusqu’aux débuts des années 1980, les supports des textes de l’artiste (posters, panneaux, écriteaux peints à la main, t-shirts) sont de nature modeste et se caractérisent par leur faculté de dissémination dans l’espace public. Un tournant majeur s’opère à partir de 1982, année où Jenny Holzer commence à utiliser la technologie nouvelle des LED (Light Emitting Diodes ou diodes électroluminescentes), celle que l’on retrouve sur les panneaux d’affichages à vertu informative ou publicitaire. Désormais, ses textes défilent à l’intérieur de dispositifs de plus en plus sculpturaux dont la rigueur géométrique rappelle celle de l’art minimal, comme le montre bien son œuvre permanente pour le musée Guggenheim de Bilbao (Installation for Bilbao, 1997). Fonctionnant par séries et abordant des sujets difficiles comme le sexe, la mort ou encore la guerre, Jenny Holzer fonde sa pratique sur une déconstruction des discours idéologiques dominants en les combattant avec les mêmes moyens que ceux qui les relaient, à savoir l’efficacité visuelle et communicationnelle de la sphère médiatique et publicitaire.