ROBERT HEINECKEN


  • Invitation to Metamorphosis
  • Titre : Invitation to Metamorphosis
  • Numéro d'édition :
  • Dimensions :
  • Année : 1974
  • Technique : 16 photo emulsion and pastel chalk panels on linen, stitched together in a grid and stretched, signed, titled, and dated in ink on the stretcher, framed.
  • Biographie

    ROBERT HEINECKEN

    Né en 1931 à Denver (Etats-Unis). Décédé en 2006 à Albuquerque, (Nouveau-Mexique, Etats-Unis)  

    Robert Heinecken est une des figures majeures de la scène artistique de Los Angeles dans la période de l’après-guerre, pionnier de la photographie expérimentale dont les œuvres photographiques ont marqué les années 1960 à 1990. Pourtant, Heinecken n’est pas un photographe à proprement parler, se décrivant lui-même comme un « para-photographe » ; son travail effectué autour du médium photographique a été produit, la plupart du temps, sans qu’il n’utilise aucun appareil photo.

    Il définit son travail comme se situant à côté, ou au-delà, de la définition traditionnelle de la photographie. Ses travaux, fondés sur la photographie et la réutilisation du matériel photographique, questionnent sa nature, et la définition de sa perception en tant que médium artistique. Il fournit ainsi une exploration avant-gardiste de la possibilité d’appropriation de ce médium, ainsi que des limites des catégories artistiques. Inspiré par les avant-gardes européennes comme Dada et Duchamp, il en garde le caractère ambigu entre sérieux et humour, absurdité et chaos. Il reste pourtant profondément américain : son thème de prédilection est l’Amérique consumériste et son obsession du sexe, de la violence, de la guerre, et de la télévision, exprimés par exemple dans la série Lessons in Posing Subjects (1981), ou celle de T.V. Network Newswomen Corresponding: Barbara Walters/Faith Daniels (1968). Obsédé par la culture populaire et ses effets sociétaux, il travaille ainsi à partir de matières premières diverses : magazines emblématiques tels que le Times, livres, ou encore photographies pornographiques vendues par correspondance sous forme de négatifs.

    Dans son travail de recyclage de la culture populaire et commerciale, où chaque page de magazine est une fenêtre sur le monde de symboles et de signes qu’est l’iconographie du mass media, il se compare à un journaliste documentaire, « la distinction peut être faite pourtant que ces images ne représentent pas des expériences de première main, mais sont liées à des expériences peut-être plus importantes socialement, expériences manufacturées qui sont créées chaque jour par les mass-medias. » Chaque image trouvée est ainsi le reflet de cette culture au sens large, guidée par le consumérisme, le sexe, le désir et la violence ; « je suis intéressé par les moyens variés par lesquels les images photographiques transcendent leur relation à l’actualité. »

    Son travail, tant du fait de cette matière première que du message qu’il y transmet, est très provocateur, fournissant une analyse choquante de la société dans laquelle il vit, comme dans Periodical #5 où une photographie d’un soldat vietnamien, souriant largement en tenant deux têtes ennemies coupées, est sérigraphié sur toutes les pages d’un magazine ensuite remis en circulation. De même, le nu féminin est un motif récurrent dans toute son œuvre, dans une approche anti-formaliste de ce motif classique. Dès ses premiers travaux, il se positionne ainsi à l’opposé d’une photographie raffinée, produisant des forts contrastes, des flous, des images inversées, obscurcies, sur ou sous exposées. Photographe autodidacte, il jouit d’une grande liberté d’expérimentation, travaillant sur tous les aspects du médium, notamment son utilisation amateur, l’incorporation du texte comme élément majeur, la mise en avant du caractère reproductible ou la question de l’échelle. À travers des questions esthétiques et conceptuelles, il dématérialise l’objet d’art, et produit des œuvres au caractère participatif, voire performatif fort. Pour lui, « une photographie n’est pas une image de quelque chose, mais un objet à propos de quelque chose. » Son utilisation très libre d’images trouvées remet en question la surenchère de la création d’images dans le paysage médiatique. Porté par son insatiable questionnement de l’objet photographique, confiant et concentré sur ses recherches, Heinecken est un artiste très prolifique. Il joue de la reproduction, de la manipulation, de la variation, de la pluralité  et de la matérialité de l’image, la recyclant et la retravaillant sans cesse. 

    Robert Heinecken a grandi en Californie. En 1954 il rejoint la Navy en tant que pilote de chasse, puis dans la Marine comme officier. En 1957 il reprend ses études supérieures à UCLA (Université de Californie à Los Angeles), où il étudie notamment la gravure et le design typographique. En 1964, il sera le fondateur du département de photographie de l’Université de Californie à Los Angeles, dans laquelle il enseignera pendant plus de trente ans, avant de s’éteindre en 2006 à Albuquerque, New Mexico. Récemment, ses œuvres ont été exposées au Gallery MIN (Tokyo, 1990), Museum of Contemporary Art (Chicago, 1999), Les Rencontres (Arles, 2000), Los Angeles County Museum of Art (Los Angeles, 1999), Smart Museum of Art (Chicago 2006), Hammer Museum (Los Angeles, 2006), Museum of Contemporary Photography (Chicago, 2007), Armory Center for the Arts (Pasadena, 2011), Center for Creative Photography (Tucson, 2003 - 2012), Musée d’Art Moderne et Contemporain (Geneva, 2013), Museum of Modern Art (New York, 2014), WIELS Centre d’Art Contemporain (Bruxelles, 2014), Hammer Museum (Los Angeles, 2015), Museu da Imagem e de Som (Sao Paulo, 2015), Palm Springs Art Museum (2015), Walker Art Center (Minneapolis, 2016).

    Ses oeuvres sont conservées dans de nombreuses collections publiques, telles que le Museum of Modern Art (New York), Whitney Museum of American Art (New York), Museum of Contemporary Art (Chicago), Museum of Contemporary Art (Los Angeles), Art Institute (Chicago), Center for Creative Photography (Tucson University), Denver Art Museum, George Eastman House (Rochester), International Center for Photography (New York), Museum of Contemporary Photography (Chicago), Metropolitan Museum (New York), Museum of Fine Arts (Houston), Hammer Museum (Los Angeles).